Usine Nouvelle
Les superlatifs n’ont pas manqué pour commenter les résultats de LVMH. Avec son taux de croissance à deux chiffres (23%), les ventes et le résultat opérationnel du premier groupe mondial de luxe semblent imperméables aux évolutions économiques et géopolitiques. Mais qu’en est-il de l’inflation dans le secteur du luxe ? Car les données reprises et commentées sont exprimées en euros courants. Rien ne dit que la hausse des résultats du groupe traduit plus d’unités vendues au même prix, ou le même nombre d’unités vendues à un prix plus élevé, ou n’importe quelle situation entre ces deux extrêmes. [..]
Que sait-on de l’évolution des prix dans le secteur du luxe ?
[..] Ce n’est pas tant le coût des matières premières et de l’énergie qui explique l’inflation dans les boutiques. Les entreprises du secteur ont un pouvoir relativement important dans la fixation des prix. Selon nos informations, les ordres de grandeur sont tels qu'une hausse de 15% du coût des matières premières a un impact sur le prix de vente d'un ou deux points. Toutes les catégories des biens de luxe ne peuvent pas être considérées de la même façon. Certains modèles de sacs, de bijoux et de pièces d’horlogerie obéissent à des règles particulières, car ils sont quasiment devenus des supports d’investissement. Le sac Chanel acheté peut être revendu aussi cher, voire plus cher, dans quelques mois. Et ce, d’autant que ces dernières années s’est développé un marché de la seconde main relativement liquide. Pour ces biens, la relation décroissante entre prix et demande s’inverse.
Un prix élevé rend le produit de plus en plus désirable.
Comme le dit Mathilde Haemmerlé, associée chez Bain & Company au sein du pôle retail et luxe, « au-delà du coût de revient, les maisons de luxe ont un important pouvoir dans la fixation du prix lié à la désirabilité de la marque sur ces biens ». Et cela est plus vrai que jamais. A l’appui de sa démonstration, elle indique que les top consommateurs représentaient 35% du marché en 2021, et 40% en 2022.